jeudi 24 octobre 2013


Immigration: l'UMP accusée de plagier le Front national
De Nadège PULJAK (AFP) – Il y a 11 heures  
Paris — En voulant réformer la politique d'immigration, l'UMP s'attaque à un sujet sensible dans un pays qui s'est enrichi des flux migratoires tout au long de son histoire, et se retrouve accusée de plagier le Front national, à l'approche des municipales.
Déclarant que l'UMP allait déposer en 2014, année des élections municipales, une proposition de loi sur une "nouvelle politique d'immigration", son président Jean-François Copé s'est attiré les foudres aussi bien de la gauche que du Front national. L'une et l'autre l'accusent de "calculs électoraux" (Christiane Taubira) ou de "manoeuvres électoralistes" (Marine Le Pen).
En cause essentiellement: le droit du sol pour les enfants d'étrangers nés en France, que M. Copé voudrait réformer pour lutter contre le communautarisme. Il ne serait plus question d'automaticité. Pourraient devenir français à leur majorité, à condition qu'ils le demandent, les enfants dont les parents sont en situation régulière, les autres n'ayant selon lui pas vocation de toute façon à rester dans le pays.
Pour l'UMP, cette réforme (adoptée par Charles Pasqua, ministre de l'Intérieur, en 1993, annulée sous Lionel Jospin en 1998), constitue l'un des sujets les plus clivants entre droite et gauche.
Au sein même de la droite, elle ne fait pas l'unanimité. A l'UMP, qui lui proposait d'inscrire à son programme de candidat en 2012 une telle réforme, le candidat Nicolas Sarkozy avait opposé une fin de non-recevoir. "Le droit du sol, c'est la France!", avait-il dit.
Au contraire de la Droite forte, premier courant de l'UMP pourtant très sarkozyste, qui réclame un "droit du choix", ce qui revient à supprimer le droit du sol, d'autres à l'UMP, tel le député Patrick Devedjian, y sont fermement opposés.
Le maire de Bordeaux, Alain Juppé, appelle à ne pas "réagir fébrilement" sur "un sujet extrêmement complexe". "L'UMP doit définir ses positions, sans se demander en permanence si c'est du FN ou autre chose", dit-il.
"C'est une mesure populiste, démagogique et idéologique, qui fait perdre beaucoup de sympathie à l'UMP", déclare Arno Klarsfeld à l'AFP. Pour l'ancien conseiller à Matignon et ancien président de l'Office français de l'immigration et de l'intégration, "30.000 jeunes acquièrent la nationalité française chaque année, dont 25.000 en en faisant la demande. L'automaticité ne concerne que 5.000 d'entre eux", remarque M. Klarsfeld, qui refuse qu'on produise des "CDD ou des stagiaires de la nationalité française".
'Compétition de populisme'
Pour Catherine Withol de Wenden, spécialiste des questions migratoires, "l'UMP alimente la boîte à fantasmes". "Tous les travaux montrent que l'immigration rapporte plus que ce qu'elle coûte", affirmait cette chercheuse au CNRS mercredi à Libération.
Si Jean-François Copé prend à nouveau le risque de se voir accusé de marcher dans les pas du FN, comme avec l'histoire du pain au chocolat, c'est qu'à ses yeux, l'heure est grave.
Au point de lancer sur le site de l'UMP une pétition de soutien à sa proposition.
Au moment où les sondages annoncent un Front national plus fort que jamais aux prochaines élections, l'UMP entend ne pas lui céder le monopole du combat "contre les tensions liées à la montée des extrémismes et du communautarisme". "Pas d'eau tiède" pour repousser le FN, avait-il promis à Perpignan, le 16 octobre.
Déjà en 2012, dans son livre "Manifeste pour une droite décomplexée", il proposait "qu'on ne puisse plus devenir français sans manifester sa volonté de l'être".
La proposition de loi qu'il veut déposer l'année prochaine exigerait, outre "une plus grande fermeté face à l'immigration clandestine", une France "rendue moins attractive socialement". M. Copé ne cesse de le répéter: la famille de Leonarda Dibrani avait choisi de s'installer en France parce que c'est "le pays le plus avantageux d'Europe" pour les immigrés, légaux ou non.
Son rival François Fillon le rejoint sur ce point, au risque de s'exposer aux mêmes accusations, lui qui avait déjà essuyé de vives critiques en plaidant pour le "moins sectaire" entre un FN et un PS (reconnaissant ensuite une "maladresse").
"Dans certains quartiers, un communautarisme mortifère mine notre cohésion nationale", a-t-il affirmé mercredi, lors d'une réunion publique à Taverny (Hauts-de-Seine). Pour rendre "possible une "assimilation", il faut "une nouvelle politique d'immigration".
Nicolas Sarkozy, partisan en son temps d'une grande fermeté en matière de lutte contre le communautarisme et l'immigration illégale, voit cependant dans la question du droit du sol "une compétition de populisme" entre eux, a dit à l'AFP un de ses visiteurs.

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